Recueil de poésie et livret accompagnant l'Album Soleil par Michael Boudreau
L'Album Soleil a généré beaucoup de créativité. Deux projets parallèles et complémentaires le constituent, en découlent autant que justifient sa raison d'être. Deux projets sous une seule dénomination : l'Aubuscule. L'Aubuscule, le spectacle qui a accompagné le lancement de l'album et l'Aubuscule le recueil de poésie, inclus dans ce livret.
Peinture: Liberté par Laeticia Bastiani
Écouter l'album pendant la lecture du recueil
Préface
Cet album, y raconte mes amis de passages et le temps qui nous bouffe tous. Y raconte des rêves et des visions déchues autant que des rêves atteints, atteignables. Des rêves qu'on peut réécrire, réinterpréter; des élans d'espoirs... y raconte autant le jour que la nuit que la lune et le soleil. Y part à la recherche de quelque chose enfouie au fond , ben profond au creux de l'inconscient. Y s'ostine en tabarnak avec de drôles d'idées et de convictions, y'est en corps à corps avec lui-même. Entre les illusions et la réalité. Cet album là y'est peaufiné autant qu' y'est cru. Y shine autant qui s'effrite de rouille. Soleil de feu, soleil de rouille.
Y s'ment, y s'ment tellement qu'y s'croit, y'essaie d'en faire trop, d'en faire plus pour rattraper les erreurs, tellement qu'y sait même plus c'est quoi ça une erreur?
Y cherche la trame, y cherche les instants viscéraux saisis au vol, au vol, ces petits oiseaux au vol, mes ami(e)s, ces petits oiseaux que l'on croise quand les fuseaux horaires se croisent, ces petits oiseaux qui n'ont que de l'amour et de la fragilité à partager, et qui tout comme nous tous se font bouffer tout cru par le temps. Mais au fond à force de s'assumer dans ses contradictions, y se libère, y se libère et il se donne le droit d'exister. Reste que malgré tout c'est un maudit beau refuge. Pendant que ça crie, pendant que ça meurt tout autour...
Les sections de l'Album Soleil
Phorasphère : Représente la sphère de la fertilité créatrice, fertilité de la terre.
Suncore : Représente la sphère de l'intime
Enfants Lunaire : représente la sphère du jeu
Antropocène : représente la sphère du paradoxe humain
Héliosphère : représente les possibles, les transformations, les voyages, l'ouverture vers l'autre
L'Aubuscule
L'histoire d'un glacier
C'est l'histoire d'un glacier. C'est l'histoire d'une patience. C'est l'histoire d'un corps et des pensées en orbites à l'intérieur. Doucement, des mots s'apposent, fragiles, délicats. Concrètement, il y a la peur, la peur du concret. Mon corps m' appel à l'intérieur. Une méditation avec les surplus d'yeux en ouverture; des fleurs. Pour atteindre les idées endormies et accepter que tout s'hybride, que tout s'imbrique.
Le corps hurle délicatement des chuchotements, il crie le sang qui me caresse en permanence par en dedans. Ce sang qu'on oublie, cette lave brûlante à laquelle on survit.
C'est l'histoire d'un glacier. Infinie à jamais. La pointe c'est ce que les autres perçoivent. J'ai ignoré le temps pour guérir et je reviens sereinement terrifié sur un chemin où les pavés s'effritent à la vitesse des saveurs qui se déposent sur ma langue. Je savoure le temps. Ça pétille dans toutes mes cicatrices. Chaque singulier pétillement est une comète en fusion. L'une d'entre elles a pénétré dans mon ovule. Ça parle de consentement à mon insu, à savoir si c'est possible d'enfanter le moment présent et d'ouvrir délicatement des brèches vers le réel, le tangible, sans quitter l'imaginaire...
On se regarde les yeux dans les mots. Et l'océan s'emporte, m'emporte, qu'importe, le silence sera bientôt à rompre. C'est le prix à payer pour entendre les chants.
C'est l'histoire d'une patience. J'ouvre le dialogue avec mon corps, c'est une mise en abîme. Écoute-toi t'écouter! En équilibre sur une toile tissée de transes.
Suis-je fou de retourner sciemment vers la folie?
Je préfère les rêves vitaux aux anesthésies morbides.
Vogue, vogue sur la brise du temps, j'suis épuisé de l'austérité, la prochaine étape, c'est de bâtir de nouveaux mondes.
Il me reste des morceaux de toi, des morceaux de vous à l'intérieur des veines. La solitude n'a jamais existé, mais j'm'ennuie , j'm'ennuie de l'aube comme avant, comme enfant.
Soudain, c'est le matin, comme promis. Frémissements et sourires . Étranger dans mon propre corps-montagne, le soleil me rappelle que tout est à sa place. Oiseaux et bourgeons chantent déconnexion et abreuvements, je danse sans vitesse en échange de sommeil latent et transforme les irritations en caresses.
Enfin, le silence est revenu et je tente d'endurer la beauté qui tressaille aux rencontres de l'imaginaire et du tangible. Mes mots, mes idées, je les reconnais autant que je les esquive comme lorsqu'on taquine un être aimé pour faire mousser la passion. Les vas-et-viens de mots jouis tracent un chemin d'habitudes et de surprises déconditionnantes. Les mots deviennent des idées et les idées des mots sur une route tourbillon qui se réinvente à chaque pas toujours plus profond vers faire confiance à la vie, à l'amour, vers faire l'amour à la vie, chaque jour. Pénétrer peurs et angoisses d'instants lucides.
Un clin d'oeil et c'est la nuit. La pluie s’imprègne dans le temps. Le vent souffle la ville, toutes mes listes s'envolent, l’extase de créer ne me quitte jamais. Il fait encore trop froid pour dormir nu, la fenêtre entre ouverte, mais je ne peux m'empêcher de désobéir, baignant dans une mixture d'éveil insoluble aux océans nocturnes. Je vais me déchirer en deux en poussant un grand cri de jouissance, tranché par les rayons que se partage la lune et le soleil. Mes rêves ont oublié de me dormir à rêver eux-mêmes aux forêts disparues. Heureusement, j'ai les poches pleines de graines de temps. Transit de parlures à parsemer, j'ai tari ma sécheresse de me taire; mes mots et ceux des autres entortillés en langues qui se touchent et se lubrifient. Lubrification du silence sous la patience qui coule en caresses entre les cuisses des sujets chauds et vertige au cœur d'embrasser le consentement. Courage et Prudence, mes veines sont gorgées de sève et mon corps dégouline d'espoir. Recommence à rêver, les yeux grands ouverts sous l'océan où dorment les étoiles. Tous tes sens s'océanisent; déverse ta vie dans mes oreilles. Recommence à rêver, les yeux grands ouverts, tout est sens dessus dessous, sous l'océan où dorment les étoiles.
Et si mon chemin bifurque? Il faudra accepter. Rien n'est écrit d'avance,
Pourtant, écrire c'est hybrider le temps.
Je cherche le vent, goutte la terre et caresse la lenteur. Mes épaules en négociations avec la pesanteur de vivre. La peur de me perdre et celle de me retrouver. L'idée d'être prêt pour l'appel de la pluie et du soleil. Accepter l'appel de croître. Plonger cul par-dessus tête première dans l'existence.
Où suis-je? Où c'est que j'suis? Dans tous mes états alors que je cherchais la paix, tout éparses alors que je cherchais une direction. Tout en peur alors que je cherchais le réconfort. Transi de transition, comme tout le temps, par amour pour la douceur, sur un petit coin de lumière avant le sommeil.
Je reconnais cet endroit, cette odeur imaginaire, cette odeurinaire image : mon petit radeau d'enfance.
Il paraît que j'écris comme je joue de la guitare; les doigts remplis d'histoires qui se frayent des chemins libres dans les têtes curieuses.
Je reconnais cet endroit , mon petit radeau d'enfance. Qu'ai-je fait de ces lambeaux de bois? Sont-ils devenus mes os craquants? Mes missions s'entrechoquent, mon corps fait trop de bruit, je ne m'entends plus crier à l'aide. Le silence s'est fait harakiri. On lui a coupé la tête pour son honneur. Le sang refoule et danse entre les rêves des gens. Une danse érotique qui nage entre les ésotéries pour que les malaises deviennent des mots et que la douleur s'estompe vers l'extase.
Tu ne perds pas ton temps, ton temps n'existe pas, il n'appartient pas. Tu t'étioles en attendant le soleil. Réveil toi, ce n'est pas vraiment de la douleur, mais bien de la jalousie. Ton esprit jaloux de lorsque c'est plus simple, c’est de l'imaginaire sans couleur, sans lumière. Ce n'est pas vraiment que tu manques de courage, tu t'es seulement assoupie hors du repos : tu t'agrippes à des spasmes; c'est le passé en convulsions. Laisse-le mourir, ou abrège ses souffrances. Donne-moi du souffle pour la course infinie. Du nectar magique pour mes yeux souriants et de douces chatouilles inspirantes sur l'hymen infiniment reconstituable des premiers amours de ma cochlée.
Ce matin, les nuages font respirer le soleil dans mon appartement. Étendu sur le plancher que les rayons d'avril commencent à découvrir, je peux ressentir son souffle chaud, les yeux fermés. C'est bon de voir que la terre fait son chemin en nous offrant de nouveaux angles d'illumination.
L'autre soir, j'étais au vernissage d'une amie peintre. Sur un tableau noir, elle avait écrit à la craie : «voici le fruit du travail des derniers mois. Je vous partage mon expérience d'être sur terre, j'espère que vous en profitez aussi!» C'était si simple et vrai. Ça m’a touché profondément.
C'est assez rocambolesque à l'intérieur de mon être
J'écris sur une fleur de peau. Les yeux aussi légertes qu'une feuille. La brise désobéissante m'ondule. Je revêts mes haillons de confort. Mon retour m'attendait ici. Là où les émotions, les idées, les mots les sensations, les libertés et les chemins se consolident.
Là où la tristesse se console et la fébrilité se gorge d'extase. Sur le dos d'un oiseau qui chante l'apesanteur, je ne sais plus le sol ni le ciel
et je creuse de mes mains et mon souffle pour découvrir les trésors au creux du son.
Clarté et modération
Positionnement des corps qui s'effleurissent interconnexion des vitesses
Prises de position qui coulent entre les doigts
Naissance d'un réceptacle
Histoire d'un glacier
Fermentation, dispersion, mucilages les idées à l'abri dans la paume d'une main
Une respiration, un seul souffle
des idées au vent
Asclépiades en suspends
Seams coal Fire
Oxymorisation des sens
Le feu s'organise
Peut-être?
Je partage ma route avec des êtres humains sensibles, fragiles, avançant vers la simple idée du bonheur.
Des feuilles au vent, qui se demandent si... (peut-être que j'irais là-bas...)
Des êtres ondulants entre l'obscurité et le jour. De pas en pas, tantôt hésitant, puis déterminés, déterminés d'hésiter, hésitant à se lancer.
Tout ça pour des petits détails, des microbes de détails... (Peut-être, peut-être...) Des subtilités, des nuances ces petites choses qui nous prennent parfois la main vers l'insomnie, sournoisement, joliment des miettes d'idées qui s'agglutinent... (peu être que j'irais là-bas...?)
Ça passe vite... t'sais la vie. Un instant. Ferment tes yeux, ferment ta tête, ferment ton esprit...
C'est ta peur qui t'ouvre l'angoisse (peut-être... peut-être...)
Tu vas trouver la manière, t'a encore tout ton temps pour apprendre à le prendre.
Je prends des photos, je garde des souvenirs, c'est notre imaginaire à nous.
Même si c'est absurde... complètement absurde, ridicule! ( … peut-être)
Et si c'est une impasse? Dit... on pourra faire demi-tour ?
Virvolte, tourne et tourne en rond, envole-toi !
(Alors, peu être que j'irais là-bas)
Tout ça pour des petits détails! Des petites idées qui s'agglutinent et qui
enfin
font toute la différence
Ridicule!
Complètement
Absurde!
(Peut-être... peut-être... peut-être... peut-être … )
Fais tu semblant?
J’m'amuse je découvre
Atteindre -Reaching
Il y a des éclaircies dans mon corps Des ombres étendues dans la clairière Quelques lointains grondements qui riment avec les battements de mon cœur Je vis sous une fleur de peau Doucement fébrile, comme la rosée Étendu sur des hiers, j'ai l'être vibrant Le silence tente de s'enseigner à moi C'est le moment d'appeler le soleil et d'accepter la patience comme un élixir de guérison occulte | Sparkling lights inside of me Shadows lying under the woods Far away, thunder sounding rhythm as my heart beats I grow under my skin Slowly exited like water pearls Lying over yesterdays, I'm shaking Silence teaching silence It's time to call the sun to understand that patience is a magic potion |
À la recherche d'espaces dans le temps
Mon corps me dirige dans le temps, mais dans la profondeur des mémoires inconscientes, ça frémit, ça bouge, ça vit! On guérit des blessures. On en finit jamais de trembler d'émotions; de temps en temps, dans nos libertés concrètes et abstraites. Espaces, territoires, déterritorialisation, décolonisation. C'est la guerre, sans cesse , cachée, oubliée dans les coins des yeux encadrés... Divertir, diversions. Dix versions; faites vos choix! Rien ne va plus , nous retenir. Libre?
Inventer l'invention : admire l'oir! Es-tu étranger dans ton corps propre? Ton amour salivant s'en prend à lui-même. Vient te noyer mon Amour, mes amours Néandertal s'envolent en parfum confiant. Hypnotise-moi, je suis consentant, consentant d'exister; j'ai pas choisi de naître, mais oui bien de survivre à la recherche d'espaces dans le temps remplie d'espoir, de joie, d'amour.
L'Automne, octobre
Je suis bien chanceux. Pendant que les arbres s'enflamment, je profite et prends la transe qui passe.
Je pleure et fais la paix avec moi.
Au cœur de l'Album Soleil, mon corps ballotte et le temps se métamorphose, il se gorge d'une sève d'énergie.
C'est l'authenticité qui se densifie. Ce sont des routes de rêves qui se recroisent comme de vieilles amitiés.
Sans comprendre où je vais, je comprends que je dois m'y rendre. Tranquille, même si tout brûle autour. Tranquille comme un ruisseau, déterminé comme un fleuve
Dans une solitude en forme de paire d'ailes
Il y a la chaleur de vous raconter
Extraits du lancement d'album
Livret d'album
Contributions
Michaël Boudreau Guitare, piano, effets, montage
Ziad Qoulaii Voix
Armelle Supervie Voix, piano, marimba
Antoine Gautier Basse
Alexandre Morel Saxophone
Robert Ouimet Drum, cloche d'incendie, valise, tank drum
Amy boudreau Petits grognements, bruissements
Emrick Boudreau Course à pieds, rires
Jean-Yves Grincheraux Jams d'appartement
Estelle Bonin Lalonde Bonne nuit, bisous
Daniel Capeille Silences d'Alaska
Benjy Sherer Ingénieur du son (Flip the industry)
Lieux d'enregistrement
Montréal :
-Studio Flip The Industrie
-UdeM
-Le studio de Marde
Ham-Nord :
-Maison Curcuma
Mont Saint-Louis:
-Lac Paradis
St-Hubert :
-Appartement de Josiane Leblanc, la mère de Michaël
Illustration
Laeticia Bastiani
Sérigraphie
Coop Coup d'Griffe
Antoine Gautier
Réalisé à travers un projet Jeune Volontaire, grâce à une subvention d'Emploi Québec.
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