J’aime ma montagne
Sa grandeur m’impose le respect
Sentiers sécurisants
Sentiers où se perdre
Sentiers boueux et rocailleux
Au cœur des ascensions
Les angoisses se détachent en grappes
Matin de petits fruits
Nuits pleines de lunes
Soleil de midi à savourer
Humble et inerte en son flanc
Elle m’embrasse et me rappelle
La fragile beauté permanente.
Je ne suis jamais hors d’elle
Pourtant, il m’arrive d’imaginer
Que je gis sous elle
Broyé par ses éons
Cataclysmé à l’état de poussière
Alors mes dents se serrent
Comme pour résister
À l’inéluctable
Et plus je résiste et plus le reste de l’univers s’en mêle.
La lune, le soleil, la galaxie
Toute la matière
S’affale sur moi comme un matou qui se prélasse
Je redeviens atome, soupe primordiale
Singularité.
Je redeviens silence
J’aime ma montagne
Elle me séduit et me terrorise
Tout à la foi
Que je la regarde avec douceur, perversité, admiration, dégoût,
Confusion ou certitude; il me faut accepter une chose.
Tant que je l’observe, c’est elle qui me regarde. Et j’ai beau m’efforcer de lire sur ses lèvres, sa brise-chuchotement inaudible, je sais pertinemment qu’elle ne transmet ses savoirs sacrés qu’à travers une langue qui ne peut être comprise que par mes poumons et mes pas.
Michaël Boudreau
Crédit photo: Kasuma
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